Les Sires de Butenheim furent au XIIème siècle les premiers possesseurs du territoire de Landser, vers 1240 commence leur déclin et c’est Rodolphe de Habsbourg le premier empereur (1273) de la lignée qui s’installe peu à peu sur leur territoire. Il l’organise en créant des villes comme Landser qu’il dote de privilèges : tenir marché, avoir des auberges, un péage, un tribunal, des moulins etc …(urbaire de 1303) A la tête de ces villes centres de seigneuries il met en place toute une administration dont le Vogt et le Schultheiss sont les personnages les plus importants .
Au bailli équivaut en Alsace le Vogt (moyen haut alémanique voget, fougt, vöt, etc ; francique faut ; lat. advocatus) ou Amtmann (Amptman ; lat. parfois officiatus), parfois aussi appelé Pfleger. Ces trois mots sont synonymes, en ce sens qu’ils peuvent servir à désigner le même officier ; mais chacun a encore d’autres sens, qui ne leurs sont pas communs : Vogt signifie aussi tuteur et avoué ; Amptman aussi trésorier, Amtmann et échevin et Pfleger également un administrateur désigné par une ville pour superviser la gestion d’un couvent ou d’une institution charitable. Pour tout compliquer, alors que le bailli est un officier territorial, le mot Vogt désigne en certains lieux d’Alsace et du Pays de Bade un officier local (Dorfvogt), dont les compétences sont celles qu’exerce ailleurs un Schultheiß.À partir de la deuxième moitié du XIVe siècle, certains princes, en particulier les Habsbourg, engagent des bailliages entiers à des créanciers, (c’est le cas pour la Herrschaft =Seigneurie de Landser) qui en deviennent alors baillis jusqu’au remboursement de leur créance (verpfendung in amptmans wise), ce qui leur donne une grande liberté envers leur « employeur », d’autant plus que ces baillis-engagistes (Vogt und Pfandherr) sont nécessairement issus de lignages d’envergure : comtes (Thierstein, Lupfen, Sulz), barons ou élite de la petite noblesse (Fleckenstein, Münch von Landskron, Moersberg (Morimont), Hus). De tels baillis ont encore plus que les autres, tendance à pressurer leurs sujets, pour augmenter le rendement du capital qu’ils ont investi dans leur gage. Il peut arriver qu’ils transmettent ce dernier, et par conséquent leur office, à leurs héritiers ; cependant, le prince cherche à éviter qu’ils ne s’incrustent en autorisant périodiquement un autre de ses créanciers à le leur racheter.
Dans les inventaires des différentes archives digitalisées des cantons Suisses et des Land et villes allemandes nous avons trouvé plus de 250 entêtes de textes anciens digitalisés ayant trait aux Seigneurs et aux baillis (Vögte) ainsi qu’aux Schultheiss du tribunal de LANDSER. Nous avons dressé leur liste non exhaustive entre 1267 et 1662 soit sur près de 400 ans :
Edel und Vögte , seigneurs et baillis de Landser.
-25/10/1267 Johannes und Heinrich V.BUTENHEIM…
(A.B.S.)1269 : Abschriften aus dem alten adeligen Lehenbuch auf Pergament über das Haus Landser, das Johann und Heinrich von Bütenheim dem Bischof von Basel verkauft und von ihm wieder zu Lehen empfangen hatten. Copies de l’ancien livre des fiefs nobles sur parchemin à propos de la maison de LANDSER que Jean et Henri de Butenheim ont vendus à l’évêque de Bâle qui leur à donner à nouveau en location.
(A.A.E.B.) 13/01/1278: Die Witwe des Johannes von BUTENHEIM …La veuve de Jean de Butenheim
(A.B.S.) 14/01/1286: Ritter Heinrich v. BUTENHEIM u. s. Frau Anna verkaufen für 60 Schill. an Walther, Pfarrer zu Schlicsbach, einen Garten in Dietweiler(A.B.S.) Le chevalier Henri de Butenheim et son épouse Annevendent pour 60 Schiling à Walther curé de Schlierbach ,un jardin à Dietwiller.
19/06/1329: Wilhelm STÖR Ritter (chevalier) Pfleger (protecteur) de Landser .Le lieu-dit Störenacker est situé derrière l’église.
13/1/1347: Werner VON TROTHOFEN: Edelknecht, noble de L.(ABS)
04:07:1366: Henmann VON NEUSTEIN, fils de feu Conrad, et Henselin VON NEUSTEIN, fils de feu Jean, font entre eux le partage des dîmes à Movelier et Landser
04 /05/1427: Ritter (chevalier) Vogt zu L. Burkhard MUNCH VON LANDSKRON Landesarchiv Baden-Württemberg, (Abt. Hauptstaatsarchiv Stuttgart)
1486 : Hans VON HOHENFURST : Statthalter von Landser = gouverneur (L.A.B.W.)
30/06/1505: Christoph VON HATTSTATT Vogt
10/01/1508(Junker) et18/11/1545: Hans TRUCHSESS VON WOLHUSEN, Vogt
Gabriel Comte d’ ORTENBURG-SALAMANCA, il obtint la seigneurie de Landser en engagement de Ferdinand Ier d’Autriche, pour 8059 florins, en février 1529. Cet engagement subsista jusqu’en 1568
12/09/1552: Lehenrevers (location ou loyer) von Bechtold MARSCHALCH, Vogt zu Landser,(A.A.E.B.) 25/02/1567:Berchtolt MARSCHALK, Vogt der Herrschaft Lanser. Das Appellationsgericht zu Landser …
29/01 /1572: Hans Georg Degelin VON WANGEN (A.B.S.)31/08/1573: Hs. Jörg Degelin zu WANGEN, O. V. d. Herrschaft Landser .Sa pierre tombale est encore conservée dans l’église de Landser.
03/05/1600: Hans Christoff VON STADION, Cammerrath, Forstmeister (maître des forêts) und Obervogt (grand bailli) der Herrschaft Landser,
4/ 07/1614: Hans Heinrich REICH VON REICHENSTEIN, possessions à LANDSER (GEN. LAND.ARCHIV KARLSRUHE)
Les Schultheiss : prévôts de Landser .
Traduit par prévôt ou écoutète, le Schultheiss (Bannerherr) était le personnage qui représentait le Seigneur propriétaire. Le mot Schultheiss (Schulz, Scholz, scultetus en latin), dérive du mot Schuld (dette ou faute). Le prévôt était chargé de la juridiction civile sur tous les citoyens de la ville ou du village, à l'exception de ceux ayant des charges relevant directement du Seigneur ou de son représentant le Vogt. C'est à l'origine un terme du vieux haut-allemand » Sculdheizo » qui signifie « Celui qui prononce un jugement » dont il existe plusieurs variantes dans les langues germaniques modernes : Schultheiß, Schultheiss, Schulte, Schultes, Schout ou Schulze. « L’écoutète est au départ le chef d’une juridiction, employé par une autorité territoriale pour diriger les populations soumises à cette juridiction qui généralement se réfère à la basse justice*, alors que la haute justice* est confiée au Vogt, d'une ville ou d'un village ou son territoire. Il était nommé par le seigneur. »Le Schultheiss (Stabhalter) siégeait avec un bâton ; lors d’un changement ou d’une nouvelle nomination celui –ci était transmis comme symbole du pouvoir. Il devait prêter serment selon un formulaire conservé aux archives départementales du 68.Ses compétences cessent là où commencent celles de la haute justice (Dieb und Frevel), vols et délits relativement graves.
Le Schultheiss de Landser jugeait les délits « Twing un Ban » (droit de basse justice) sur le territoire de la Seigneurie (Amt). Dans l’urbaire des Habsbourg de 1303 il est précisé pour quels villages de la seigneurie, le tribunal de Landser est compétent : « Die Herrschaft hat Twing un Bahn « (21 villages) « un richtet Tub un Vrevel » (24 villages).
« En général, le "ban et juridiction" est synonyme de seigneurie villageoise ,incluant la fonction de juge et le droit d'infliger des amendes, l'autorité champêtre et le devoir de protéger les sujets, donc des compétences de nature à la fois publique et privée (Bailliages). Le seigneur bas justicier s'occupait des délits mineurs et, au civil, des affaires touchant la propriété, les successions et les dettes d'argent. Maître des Biens communaux et des eaux, il pouvait les mettre à la disposition des paysans ou au contraire leur en interdire l'accès (les "bannir"). Il se réservait le droit de pêche, à moins qu'il ne l'affermât à des particuliers ou à la commune. Il pouvait délivrer des concessions (Banalités) à des auberges, moulins, forges ou pressoirs et, dans les localités d'une certaine importance, à des boulangeries, boucheries, tanneries ou teintureries et obliger ses sujets à les utiliser (moulin banal). Quand plusieurs propriétaires se partageaient le ban et juridiction d'une localité, la jouissance en était proportionnelle à la part de chacun. »
Les séances du tribunal de Landser se tenaient le Lundi : « Mentag « .En cas de lundi férié (à Pâques ou à Pentecôte) les séances du tribunal se tenaient le mardi. Les assesseurs des autres villages de la seigneurie venaient assister le Schultheiss de Landser. En 1523 Hans Pflimlin est assisté de 12 assesseurs: Peter Goepffrid von Stetten, Lienhart Strassburger von Kötzingen, Klaus Billing von Kappeln, Heinrich Karrer von Obermichelbach, Hans Schnetzer von Helfrantzkirch, Konrad Schmid von Bartenheim, Lienhart Fuchs von Attenschweiler, Bastian Koufflin von Uffheim, Heinrich Wagner und Lorenz Rysz von Landser, Pauli Schicklin von Niedermichelbach und Balthasar Deck von Waltenheim, alle Angehörige des Gerichts zu Landser.L’emplacement du tribunal ou siègeait le Schultheiss n’est pas précisé mais pourrait être celui du Dinghof de Landser : cour colongère située à l’actuelle maison et ferme Erhart.
La cour colongère ou colonge, en allemand Dinghof ou Dinckhof (de hof, cour, et ding, assemblée), désignait une agglomération plus ou moins considérable de fermiers, régis par une loi commune, dépendant d'un même seigneur et formant ensemble un tribunal dont les attributions étaient très-variées. Cette forme d’organisation du monde rural au Moyen Âge était particulièrement répandue en Lorraine, en Alsace et dans le reste du monde germanique, et dans une moindre mesure dans les marges disputées du royaume des Francs et du Saint-Empire : Lyonnais, Forez, Charolais, Mâconnais1. Elle pouvait prendre des étendues très inégales, ne regroupant parfois que quelques habitations, d’autres fois un village entier ou plusieurs villages. Chaque colonge avait une constitution particulière, inscrite sur un manuscrit, la rotule colongère. La cour colongère comprenait ordinairement plusieurs habitations, granges, écuries, avec terres, prés, etc., concédés à des preneurs (huber), moyennant l'acquittement d'un cens ou de prestations annuelles, et avec stipulation que les différends nés du pacte colonger seraient soumis à un tribunal composé du maître de la colonge comme président, et des colongers comme assesseurs.Parmi ces colonges, il en était ordinairement une (fronhof) qui primait les autres; elle était occupée par le maire, chef des colongers et colonger lui-même. Cette cour était entourée d'une haie avec palissades munies d'une porte qui se fermait à serrure ou avec verrou. C'est là que descendait le seigneur quand il venait percevoir ses redevances et tenir le plaid colonger.
1333 et13/11/1335 et 17/05/1344: Johann HERZE, 1348: Hans HERZOGE :
02/11/1349: CHUNTZE JÜNGELICH Richter (ABS)
1/02/1356: Conrad BRANT (ABS)
03/07/1396 et 01/09/1399: Herman SCHAFFENER v.Altkirch
1424-1428 et 31/05/1434: Albertin BROTZ ou BRATZ:
1448: Jacob BOSCHLY
16/ 04 /1464, 1465, 01/07/1466 , 07/07/1477: Tschan RUNTCHANN
12/03/1498: Caspar GILGOVER
1500: Cunrad SCHERER genannt KLEINHENNY.
22/06/1506: Arbogast v. REYN
15/02/1509: Hans LAR: Verweser des Schultheiss Amt Landser.
HEININ BLECH aurait exercé la fonction avant Hans PFLIMLIN (D. SCHUMACHER)
5/10/1523 et 15/02/1529: Hans PFLUMLIN
09/04/1526: - JACOB
27 /08/ 1543 et 20/08/1548: Hans MARTIN
1567 /13:03:1570: Morand RISS
En 1571 Bechtold MARSCHALCK a exercé la fonction en même temps que Vogt (bailli) (D. Schumacher)
22/10/1571-14/02/1575: Hans Ulrich ROCKENHUBER ou ROCKENBURGER:
14/12/1587, 24/09/1603: Lienar BLACHAN (BLECH) Schultheiss u. Bannerherrn zu Landser.
En 1606 Jerg GRUBER a exercé la fonction pendant quelques mois (D .SCHUMACHER)
03/02/1609: Anton RUSS (RISS) Schultheiss Amt Verveser.
12/ 05/ 1614: Hans Lienard BLECH (Schultheiss de 1609-1616)
1618: Lienart KELLER (KESLER?)
15/12/1627: Hans PFLUMLIN (PFLIMLIN)
09/04/1655: Morand KELLER (KESLER?)
En 1660 Jean Baptiste BEMELTER a occupé la fonction (D.SCHUMACHER)
27/07/1662: Hans Georg KESLER.
Archives Basel Stadt , Archives Basel Land, Archives Berne, archives ancien évêché de Bâle à Porrentruy, GEN. LAND.ARCHIV KARLSRUHE, Landes Archiv Baden Württemberg
FRANCOIS TISCHMACHER
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